La paix dans le non-vouloir

9 mars 2015

Très souvent nous retrouvons dans de nombreuses religions ou enseignements spirituels la nocivité des désirs.
Mais sont-ils si nocifs ? Et pour quelles raisons les considérons-nous ainsi dès que nous cherchons à réaliser l’unité dans notre cœur ?

Bien que les désirs entraînent beaucoup de divisions en nous-mêmes, de turbulences (sans compter les frustrations et les insatisfactions de ceux qui sont non-assouvis) leur émergence résulte le plus souvent simplement d’une projection mentale et imaginaire qui nous empêche de trouver la paix dans l’instant présent.

Dans certains domaines, ils sont par nature compulsifs et nous ne trouvons la paix que lorsqu’ ils sont assouvis; en fait lorsqu’ ils n’existent plus…jusqu’ aux prochains.

Il est intéressant de comprendre et de percevoir que la source d’un désir naît en nous et n’existe pas à l’extérieur.

Prenons un exemple :

Bien que certains objets soient une nécessité pour la vie ordinaire, imaginez un objet anodin que vous désireriez et essayez de voir s’ il y a plusieurs années cet objet était déjà désiré.

Prenez conscience que cet objet n’est qu’une forme matérielle avec une fonction et sûrement une utilité, qu’ elle soit mécanique, artistique ou esthétique… mais que son attrait pourrait être inexistant pour certaines personnes.

A présent, imaginez-vous avoir cet objet, jouir de sa possession et essayez de sentir ce qui est advenu du désir « d’avoir »… observez-le, cherchez-le…

Il n’existe peut-être plus et une certaine joie éphémère l’a remplacé le temps de pouvoir faire le tour des possibilités de l’objet et de ses attraits possibles.

Essayez de sentir d’où vient cette joie après le désir accompli et quelle partie de vous paraît jouir de cet accomplissement.

A présent, regardez le même objet et imaginez qu’une fois entre vos mains il ne fonctionne pas ou n’ a jamais fonctionné…

Essayez de sentir comment le désir se transforme en autre chose et soyez à l’écoute de cette transformation intérieure. Ce peut être de la frustration, de la colère ou autre chose, peut-être du soulagement car cela était trop ou pas pour vous.

Réalisez que tout cela est entièrement subjectif dans le sens que cela vient d’un monde de projections mentales sans cesse différentes et répondant à des stimulis intérieurs entièrement conditionnés par nos croyances, nos souffrances, nos espérances et nos habitudes.

Le besoin d’avoir est un désir intérieur et la joie de son incarnation est aussi intérieure.

Ainsi si nous pouvons ressentir cette « joie d’avoir » qui est intérieure et qui n’est en rien liée à l’objet, lequel n’est qu’un support d’expression..

Pourquoi ne pouvons-nous pas l’avoir sans le support du désir et de la projection ?

Si le désir est une projection mentale et émotionnelle conditionnée et est par nature infini dans son essence, pourquoi ne cherchons-nous pas à mieux connaître sa nature? Cela dans le but de mieux comprendre comment peut naître notre joie intérieure dans le « rien »… ou simplement dans ce qui est déjà?

De nombreux désirs nous procurent de la joie quand ils n’existent plus; alors cela nous amène du calme et de la paix un certain moment. Nous goûtons alors la joie du non-désir.

Nous ne nous rendons pas compte que si parfois nous sommes heureux d’avoir enfin satisfait un désir, c’est simplement parce qu’il n’existe plus et n’est plus présent pour nous perturber intérieurement.

Bien que cela puisse paraître un peu « bouddhiste » ou « védantin » c’ est une expérience quotidienne que l’on peut faire soi-même à chaque instant.

Nous pourrions citer une célèbre phrase du Dalai-lama nous rappelant comment trouver une certaine paix de l’esprit :

« Ne désirez que ce que vous avez déjà ! »

Un conseil sage par les temps qui courent et dans cette société de consommation qui base son développement et sa croissance sur la stimulation souvent excessive de nos capacités à « désirer »…

François Breton