Le jugement

6 mai 2015

Ce mot fait encore couler beaucoup d’encre chez les spiritualistes de tout horizon.
En langage des oiseaux (le jugement) pourrait résumer à lui seul l’ignorance d’un avis quel qu’il soit que nous pouvons porter sur une personne ou une action.

Nous savons tous que nous avons souvent porté à tort un avis sur une personne qui s’est révélé être faux peu de temps après.

Nous jugeons parfois l’aspect extérieur d’une personne et cela simplement en fonction de notre vision du monde ou de ce que nous considérons être soit disant bien ou mal.

Cette dualité apparente vient de notre mental. C’est sa propre nature de diviser pour analyser ensuite selon le penchant qu’il aura pris dans cette division.

Agréable ? Désagréable ? Bien ? Mal ? Beau ? Moche ?

A vrai dire rien ne lui échappe, pas même nos propres petites réflexions intérieures apparemment insignifiantes et quotidiennes, tout est pris à partie.

Si encore ses analyses étaient justes! Mais l’expérience montre qu’elles ne s’appuient que sur des conditionnements limités par nos petites expériences de vie et nos futiles croyances.

Très souvent elles nous font plus souffrir, qu’elles nous apportent un réel réconfort pour vivre dans la sérénité.

Je me souviens d’une méthode d’un mystique chrétien (Joel Goldsmith) qui pour déconnecter cette fonction préconisait de regarder les choses de la vie et de dire intérieurement à la vue de ce qui se présentait aux sens: « ni bon, ni mauvais… ni agréable, ni désagréable… ni bien, ni mal… ».

Ainsi le mental, par cette pratique, n’a plus d’accroche pour ronger son os… et il s’arrête.

Mais pourtant la division fait partie de notre monde d’incarnation. La dualité que nous retrouvons dans toutes les petites choses de la vie est à l’image de la division unique qui s’est créée à l’origine lorsque le principe d’unité est devenu multiplicité.

Cette division est d’ailleurs le principe de la création qui a permis l’évolution de la conscience.

Même si nous ne sommes plus dans le mental et constatons simplement les faits, nous y trouvons les oppositions :

Chaud..froid ; électrique..magnétique ; Soleil..lune ; Eau..feu.. Les constituants eux-mêmes de notre monde sont basés sur un principe d’inversion.

Le mental ne fait que prendre part par identification aux phénomènes qui se présentent à lui sous une forme déjà duelle.

Même si ce qui se présente peut être perçu dans un principe d’unité, ce n’est pas du ressort du mental d’y avoir accès.

On ne peut pas non plus qualifier de la même façon le soleil et la lune…

Le mental est donc par principe un outil de discrimination et de discernement.

Aujourd’hui, nous voyons des pratiques spirituelles se rebellant contre le mental et cherchant par tous les moyens à le faire taire en tentant de le mettre sur « off » pour toujours.

Ce mental, siège de « l’égo » est devenu la bête noire qui est la cause de tous les malheurs et l’ultime recours de certaines pratiques ésotériques est de s’en défaire.

Bien que son mauvais usage est une réalité dans beaucoup de domaines aujourd’hui (et ceci qu’ils soient individuels ou collectifs) il est utile de mieux le connaître et de comprendre ses mécanismes.

De nombreuses méthodes existent pour cela.

Le mental serait-il alors une erreur de la nature ? À mon sens, j’ai peine à le croire…

Je pense qu’il est simplement nécessaire d’avoir une vue plus profonde de notre monde intérieur et de comprendre que chaque chose est à sa place. Nous devons apprendre à nous connaître.

Le plan « physique » dans lequel se meut notre corps physique n’a pas la fonction de théoriser et de conceptualiser la vie, ce n’est pas son rôle.

Il en est de même avec chaque plan et chaque corps subtil.

Le « plan mental » universel est un plan de pure lumière connaissante, notre corps mental qui s’y meut n’a pas la fonction de porter des objets ou de vivre des émotions, ce n’est pas son rôle.

Bien que notre corps mental soit doué de plusieurs altitudes différentes qui n’ont pas toutes les mêmes fonctions, son rôle est d’interpréter le monde de la division selon ses propres connaissances.

A partir de là, nous pouvons nous rassurer et comprendre que quand nous nous trouvons dans l’espace du mental qui a cette fonction, il ne peut s’empêcher de juger et de diviser parce que c’est sa propre nature.

Les résultats d’une pratique spirituelle doivent être d’accepter profondément ce fait et de comprendre que ce fonctionnement est un principe de la nature du mental et ensuite d’apprendre à s’affranchir de l’identification à ce processus.

D’autres corps plus hauts en vibrations en sont naturellement affranchis par leur rôle différent dans le mécanisme de la conscience.

Pour mieux résumer :

Si vous jugez, ne jugez pas votre jugement… je vois trop souvent des personnes perdues dans le mental qui se font du mal en se débattant et en luttant contre elles-mêmes, contre ce qu’elles ressentent de ce qu’elles perçoivent.

C’est encore le mental qui se bat avec lui-même…

Prenez de l’altitude et acceptez que ce principe de jugement soit naturel. Sinon, ce serait un peu comme prendre un objet dans les mains et se battre intérieurement contre les sensations ressenties.

Observez ce principe de jugement et réalisez que cela n’est pas vous, mais simplement l’existence du corps mental.

Petit à petit il sera de moins en moins enclin à corrompre tout ce qu’il perçoit parce que votre conscience baignera dans des altitudes qui ne lui laisseront plus le soin de mal se nourrir à vos dépens.

François Breton