Mais bien sûr que oui c’est vrai !

25 décembre 2014

Mais bien sûr que oui c’est vrai ! Cette phase est bien connue ! Et nous l’employons souvent au cours de la journée. Elle est utilisée pour de nombreuses petites choses du quotidien. Pour une action que l’on vient de faire ou pour situer un lieu, un objet ou une situation que nous avons vécus et que nous racontons. Mais parfois nous l’utilisons pour affirmer une certaine vision de la vie que nous considérons être vraie. Dans ces situations nous pensons avoir raison et prenons position avec parfois une certaine rigidité. Par la suite, ou avec le temps, nous reconnaissons notre emportement ou le manque de souplesse que nous avions eu à ce moment. Et surtout nous reconnaissons que nous avions peut-être eu tort de penser ainsi… Il est très difficile d’affirmer une vérité pour parler de ce qui est vrai ou faux ou même de ce qui est bien ou mal. Cela diffère d’une civilisation à une autre ou d’une époque à une autre. Bien sûr, pour le bien et le mal, il y a toujours une étincelle, une petite voix intérieure commune à chaque âme qui fait sentir quand nous nous écartons de ce qui peut nuire à la vie ou à l’équilibre des choses. Cela en Inde, fait partie d’une qualité d’écoute intérieure de ce qui est appelé le Dharma. Le Dharma est un mot pour exprimer la qualité porteuse des actions ou des comportements favorables et équilibrés d’un être avec son environnement et envers lui-même. C’est aussi une ligne de conduite inspirée par son cœur dans une optique d’évolution et d’écoute envers la vie et tous les êtres. Cette ligne fait d’ailleurs partie intégrante de certains préceptes primordiaux à respecter dans certaines traditions spirituelles orientales. Par contre pour ce qui est vrai ou faux, cela ne peut fait partie d’une optique individuelle précise et cela ne peut se référer que dans la mire d’un certain point de vue adopté dès le départ. Si nous parlons de vérité, cela fait intervenir la notion de réalité. Si nous parlons de réel, cela fait de suite intervenir la notion de perception qui forcément diffère d’un individu à un autre. Nous pourrions dire qu’il n’existe pas une réalité, mais autant de réalités que d’individus ! C’est-à-dire des milliards de champs de réalité différents. Tous ces champs de réalité sont conditionnés individuellement par les tendances, les habitudes, les croyances, la culture, l’éducation, le caractère, la personnalité et de nombreuses autres choses dont nous sommes tous dépendants et interdépendants. Autant dire que réellement réussir à nous rencontrer et à nous comprendre quand nous donnons notre point de vue n’est pas toujours une mince affaire ! Parce que cela fait intervenir une large gamme de facteurs perçus différemment d’une personne à une autre, que l’autre n’a pas forcément, ou ne peut entrevoir par sa compréhension du monde de la même façon. Même s’il est d’accord, cet accord ne partagera peut-être pas les mêmes raisons communes. Plus nous sommes souples, ouverts, réceptifs et à l’écoute, plus nous pouvons réussir à entendre ce que l’autre cherche à nous communiquer. Et même ainsi la profondeur de ses vues n’est pas forcément sur d’être comprise intégralement ! La Mère* de Pondicherry recommandait un exercice simple pour apprendre à élargir nos vues et comprendre que le mental est un outil merveilleux quand il est maîtrisé, souple et acquiert beaucoup de vastitude. Mais qu’il aime à prendre en esclavage tantôt qu’il se rigidifie et s’écoute lui-même, s’imaginant être le maître de son petit monde sur la planète… Cet exercice consiste à être capable de s’opposer à ses propres points de vue personnels. Pour cela, imaginez un point de vue sur lequel vous pensez avoir raison, cela peut concerner une idée de politique ou une décision de vie qu’un ami a prise et qui ne vous semble pas bénéfique pour lui. Essayez ensuite de trouver les arguments contraires et opposés à votre vision des choses, jusqu’à ce que vous sentiez que ce nouveau point de vue peut se défendre réellement et qu’il tient la route. Commencez juste pour essayer sur des positions relativement neutres et courantes dans la vie. Par exemple sur la situation d’un millionnaire qui ne paye pratiquement pas d’impôts et cherche à quitter le pays pour mieux profiter de sa fortune et celui du petit artisan qui, n’ayant pas grand chose en veut au gens fortunés qui quittent le pays, et qui se saigne les veines pour finir les fins de mois avec toutes les taxes et impôts croissants qu’on lui réclame. Cherchez des exemples qui offrent des situations pouvant offrir des points de vue contradictoires. Certes, ce n’est pas toujours simple ! Et parfois vous verrez que mentalement vous serez obligé de prendre le manteau d’un plus gros ego ou d’une souffrance que vous ne connaissez pas pour vous plier à cet exercice. Mais faites-le toujours sans chercher à juger la partie que vous aurez revêtue dans l’expérience et tachez d’être réellement sincère dans cet exercice. Cet exercice amène à prendre plus de recul sur notre soit disant « raison » des choses et nous permet d’apprendre aussi à se mettre à la place des autres et à mieux comprendre les différents points de vue. Parce que dans une discussion ou s’opposent deux visions d’un monde, les deux ont des arguments valables à leurs yeux, et dans leur champ de réalité individuelle, ils ont raison tous les deux ! Lors d’une discussion de ce type, parfois une nouvelle énergie prend naissance : l’idée de convaincre l’autre et de cette façon chercher à lui prendre son énergie et de nourrir et de valider sa vision des choses. Ainsi de nombreuses positions naissent comme celles de « dominateur- dominé » qui ne sont pas des positions porteuses pour un réel échange et qui malheureusement sont souvent trop communes. Cet exercice vous permettra, non de trouver la vraie « vérité » à la vision commune, parce qu’elle n’existe pas, mais d’y trouver une vue plus large, plus conciliante et transformera votre manière d’aborder la vie, les petits « affrontements » que vous pourriez rencontrer ainsi que les jugements compulsifs sur la vie de vos proches ou des nouvelles rencontres sur votre chemin… Cet exercice est une gymnastique d’ouverture de conscience et peut-être fait à tous moments de la journée (bus, salle d’attente, moment de tranquillité ou de réflexion). C’est une méthode qui aide à déconditionner la mécanique qui sclérose et cristallise notre rigidité mentale au quotidien. Cela toujours dans une optique d’une croissance et d’une évolution intégrale de toutes les parties de notre être… François Breton